La promotrice des produits d’ici
Mine de rien, depuis une trentaine d’années, la mise en œuvre de traités de libre-échange a eu pour effet de faire chuter de 80% à 30 % l’autonomie alimentaire du Québec. La pandémie et les difficultés d’approvisionnements qu’elle a entraînés ont eu l’effet d’un électrochoc. Pour renforcer notre sécurité, nous n’avons d’autre choix que de diminuer notre dépendance aux importations. À cela s’ajoute la préoccupation environnementale. De plus en plus de consommateurs tiquent à l’idée d’acheter des aliments qui ont dû parcourir la moitié de la planète avant d’atterrir sur leur table.
Une femme n’a pas attendu la COVID-19 pour être convaincue qu’il fallait inviter les Québécois à manger ce qui se fait chez nous. Avant de prendre la direction générale d’Aliments du Québec en avril dernier, Isabelle Roy œuvrait déjà depuis sept ans au sein de l’organisation à but non lucratif. Cette dernière s’efforce de soutenir la production au Québec en facilitant le repérage en épicerie des logos qui certifient que les produits alimentaires proviennent d’ici.
Originaire de la Rive-Sud et diplômée des HEC Montréal en gestion du marketing et d’entreprise, Isabelle travaillait à la promotion et à la vente publicitaire auprès d’Astral Media Radio et de Groupe V Media lorsqu’elle a été débauchée par Aliments du Québec qui était un de ses clients. Impressionné par son implication et ses qualités professionnelles, l’OBNL lui a offert un poste au développement des affaires avant de la nommer, deux ans plus tard, directrice adjointe de l’organisme. Au cours des quatre dernières années, elle a été impliquée dans tous les projets de haute direction pour la planification stratégique et organisationnelle.
La quarantaine toute tendre, Isabelle Roy se trouve aujourd’hui à la tête d’une équipe de 25 personnes et compte près de 1600 entreprises participantes dont 26 000 produits portent l’un de leurs logos. Mais attention. Ne peut apposer qui veut l’un des fameux symboles jaunes.
Pour qu’une denrée alimentaire puisse porter la marque Aliments du Québec, il faut absolument qu’elle soit composée à 85% d’ingrédients québécois. Pour pouvoir accoler l’étiquette Aliments préparés au Québec, la firme doit démontrer que son produit est entièrement transformé et emballé au Québec. Il doit être composé d’ingrédients québécois et/ou importés. Et lorsque les ingrédients principaux sont disponibles au Québec en quantité suffisante, ils doivent être utilisés. Les mêmes déclinaisons existent pour les aliments bios. Dans ce cas, l’OBNL travaille de concert avec le Conseil des appellations réservées et des termes valorisants. C’est ce dernier qui doit s’assurer que le produit est bio.
« J’ai beaucoup travaillé à la planification de la transformation numérique. Nous voulions optimiser nos processus et notre portail destiné aux entreprises qui y font des demandes de vérification de produits. Le portail sera lancé officiellement dans quelques mois. Il offrira plus de visibilité à nos partenaires de l’industrie, aux tables de concertations régionales, aux fédérations et à nos entreprises adhérentes qui pourront y présenter leurs produits. On tient vraiment à promouvoir les marques québécoises et réduire le plus possible l’effort des consommateurs qui veulent repérer ces produits. »
D’ailleurs, pour en avoir le cœur net sur le mythe coriace qui veut que les produits agroalimentaires d’ici coûtent plus cher, Aliments du Québec a récemment commandé une étude au Laboratoire de sciences analytiques en agroalimentaire de l’Université Dalhousie. L’analyse faite sur plus de 134 produits locaux et 431 produits comparables provenant d’ailleurs devrait réjouir les consommateurs qui souhaiteraient réduire leur facture d’épicerie. Dans 70 % des catégories étudiées, le produit local s’est avéré soit aussi concurrentiel, soit plus concurrentiel que le produit d’ailleurs.
Fort de ce constat, il n’y a pas que Monsieur et Madame Tout-le-Monde qui pourraient en tirer avantage. Si chaque consommateur achetait pour 30 $ de plus en produits québécois par année, cela représenterait une injection d’un milliard de dollars de plus dans l’économie québécoise en cinq ans. Y’a pire que ça dans la vie, non?