Notre Saint-Laurent regorge d’espèces marines sous-exploitées et méconnues par les restaurateurs, les consommateurs et même les poissonniers du Québec.
C’est pourquoi Fourchette bleue, programme fondé par Exploramer, propose dans son Écoguide 2024 une liste des espèces marines du Saint-Laurent à valoriser dans notre assiette cette année afin d’assurer le développement durable et la biodiversité de celui-ci.
Des espèces marines méconnues à découvrir
La liste des espèces marines valorisées par Fourchette bleue compte cette année 13 espèces de poissons, 15 fruits de mer (mollusques, crustacés, échinodermes), 2 mammifères et 15 variétés d’algues. Parmi les 45 choix, des espèces assez surprenantes en font partie, telle que la myxine du nord. Ce poisson à la forme serpentine ressemble grandement à une anguille et est en forte abondance dans le fleuve.
Le concombre de mer fait aussi un retour sur la liste cette année, puisque les experts scientifiques estiment que leur méthode de capture s’est notamment développée.
Les espèces à laisser de côté pour le bien de la biodiversité
Toutefois, plusieurs seront surpris, puisque contrairement aux années précédentes, la crevette nordique et le flétan du Groenland ne se retrouvent plus dans la liste de Fourchette bleue en 2024.
Comme les crevettes nordiques, aussi appelées crevettes de Matane, ont besoin d’un climat très froid pour survivre, le réchauffement climatique oblige Fourchette bleue à les retirer de sa liste. Étant donné que la crevette a de la difficulté à se reproduire dans ces circonstances et que sa présence dans le Fleuve est nécessaire à la biodiversité, la consommation de ce crustacé chouchou des Québécois.es n’est donc plus jugée comme écoresponsable.
De même pour le flétan du Groenland: sa présence dans le golfe est de moins en moins importante. Comme sa proie préférée est la crevette nordique, c’est de plus en plus difficile pour ce poisson de s’alimenter et pour ses populations de prospérer.
Les crevettes de Matane ont aussi un autre prédateur assez important: le sébaste atlantique. Ce poisson consomme environ 214 000 tonnes de crevettes nordiques par an - c’est beaucoup plus que ce qui est pêché en une saison! C’est donc sans surprise qu’on le retrouve à nouveau sur la liste d’espèces valorisées cette année par Fourchette bleue.
Ainsi, si vous pensiez que manger des crevettes nordiques allait encourager la gastronomie et les produits du terroir d’ici cette année, il faudra y repenser deux fois!
Faire preuve de créativité et d’ouverture afin d’intégrer les espèces recommandées par l’Écoguide 2024 de Fourchette bleue dans nos assiettes, c’est exactement ça qui va encourager les pêcheurs, les distributeurs, les épiciers et les poissonniers à diversifier leur offre de produits marins de chez nous et favoriser une consommation durable et écoresponsable!